De la vie Collective à Libecciu

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Mais vous faites comment pour vivre à 7 sur 2 bateaux ?

Toutes et tous grand.e.s habitué.e.s de la vie collective par leurs diverses expériences (collocs, squats, camps… ) ainsi que de l’organisation collective par leurs diverses activités (Liberbed, ainsi que d’autres assos et collectifs … ), les membres de Libecciu ont, par leur vie commune depuis plus de 5 mois sur le Tupamaro et le Roi Arthur, franchis de nouveaux caps.

Effectivement les environs 8 + 12 m² habitables des deux bateaux ont donnés du fil à retordre à nos environs 7 aventurier.e.s.

Petit retour sur le fonctionnement de Libecciu depuis plus de 5 mois…

La vie quotidienne (cuisine, vaisselle, ménage, courses… ) fonctionne de manière totalement spontanée en autogestion. on en parle pas et globalement, ça tourne !

Les frontières de l’intimité sont repousées. Nous disposons d’une porte pour une seule cabine sur la totalité de la flotte. Qui aura la pointe avant du Roi Arthur ce soir ? Vous le saurez après la discussion post-tisane  »placement du soir » :

Phrases très régulièrement entendues à bord :

« Pardon »
« Pardon je voudrais passer »
« Vous pouvez vous décaler svp»
« Ça te vas si tu te met là ? »
« Tu peux me choper mon pantalon, il doit être dans la bannette tribord »
« je le trouve pas, t’es sur qu’il est dans la banette tribord ?»
« quelqu’un aurait vu mon bonnet ?»
« ha, j’ai retrouvé mon bonnet !»
« Tu sais où est le WD40 ? »

Voir les autres gens chier au début ça fait bizarre mais après on s’y fait.
Chier devant les autres au début ça fait bizarre mais après on s’y fait.

Qui est le capitaine ? (phrase récurrente de la police (entre autres))
réponse au choix :

1. « On en a pas »
2. « Tout le monde »

« Ouai, mais en vrai vous faites comment ? »

Ça dépend on parle de quoi ? Parce que traditionnellement le capitaine est à la fois commandant de bord, il prend les décisions concernant les choix des navigations (où on va, comment, quand… ) et coordonne les manœuvres, mais il est aussi le chef par rapport a à peu prés tout ce qu’il souhaite (on a ouïe dire que traditionnellement dans la marine marchande (les gros cargos) c’est le capitaine qui décide de la teneur des discussions lors des repas… Bien sûr tous ne le font pas, mais suffit de tomber sur un sale con de chef et c’est toute une ambiance pendant toute la nav’…).

À Libecciu le fonctionnement vis à vis du choix des navs’ n’est pas figé et est toujours en mouvement, à la recherche d’un idéal-type ou selon les humeurs du moment.

Dés le début, toutes les décisions concernant les choix de nav en amont (choisir quand on part selon la météo, et pour aller vers où, en estimant combien de temps ça va prendre) on été prises collectivement lors de temps formels (en réunion) ou informels (pendant un repas) collectifs. Bien sûr la disparité des niveaux ont fait que l’avis de certaines personnes bien souvent primait, mais les discussions et l’expérience engrangée a permis la montée collective en niveau et dilue aujourd’hui plus facilement la décision.

Du coup, pendant les mois de janvier et février, sans qu’on se le dise, les prises de décision concernant les navs étaient bien souvent influencées par les personnes regardant la météo et soumettant une proposition au groupe lors d’un repas. Mais dernièrement au vu de divers ressentis vis à vis de choix de nav fais et critiqués a posteriori, il a été décidé de tirer au sort des référent.e.s navigation toutes les semaines. Celleux-ci ont la charge de préparer la navigation en prenant en compte les avis et préférences des autres puis d’en faire une proposition au groupe.

Bon pour l’instant on l’a pas vraiment mis en place, mais déjà le fait d’en rediscuter a permis de clarifier des ressentis et de encore continuer dans les compréhensions mutuelles de nos fonctionnements individuels et collectifs !

Pour ce qui est des manœuvres pendant les navigations, la volonté de tourner et que tout le monde monte en compétence a également porté ses fruits.

Effectivement, après les premiers mois plus compliqués, à la fois pour les personnes ayant moins de compétences en navigation (frustrations, échecs, confiance…) ainsi que les personnes en ayant davantage (difficulté de la « bonne communication », trouver la bonne posture au bon moment entre pote et « moniteur » pendant les navs et les prépas, sentiment de porter beaucoup la dynamique sur l’entretien quotidien des bateaux…), la situation a bien évoluée.

Ainsi aujourd’hui tous les membres de Libecciu participent à la pensée collective sur les choix de type de voilure, cap, manœuvres ou bien font régulièrement les manœuvres au moteur du Roi Arthur (quand il faut en faire). Ça fonctionne plutôt bien.

On a des belles photos même sans Capitaine ! 😉 (Graciès a Muntsa de Formentera)

Bon, et puis pour tout le reste, bah c’est comme d’hab. Tours d’envies et de ressentis, bilans, réunions avec (ou non) outils d’éduc’ pop’, ainsi qu’une bonne part de prises de décisions informelles et/ou spontanées. De fait, nous prenons aujourd’hui des décisions un peu plus rapidement et moins souvent formellement.

Et pour les sous ??

Le modèle économique de Libecciu repose sur une solidarité économique totale. Depuis le début de l’aventure collective (chantiers sur les bateaux à Douarnenez en Octobre – Novembre), nous fonctionnons donc sur le principe d’une caisse commune payant toutes les dépenses relative à Libecciu et à ses membres (même de passage), celle-ci est amendée en don libre par les individus (montant variable selon les personnes) ainsi que par nos quelques recettes liées aux concerts ou activités.

La traçabilité à été décidée sur les entrées et sorties à l’aide d’un double tableau.

Exemples semi-fictifs :

Recettes Tupamaro

Qui

Quand

Combien

Autres détails

Manon

19/01

250

Béber

20/01

55

Richard

28/01

50

Soutien aux jeunes

Cléo

01/02

70

Todos

05/02

66

Recette concert San Lucar

Heidi

12/02

50

Soirée soupe

Dépenses Tupamaro

Combien Qui Date Bouffe Sortie Matos Autres
50 Lucas 27/03
21,5 Omaé 28/03 Gambas Turlutes
49,5 Tout le monde 30/03 Bar bœuf Alcoutim
57 Béber 02/03

X

20 Béber 04/03 Resto avarié
7,5 Todos 07/03 Port Alcoutim

Puis on fait les comptes de temps à autres pour savoir combien il reste, combien on a dépensé, la répartition des dépenses dans les différents postes pour savoir (bouffe, sortie, matos, autres).

Depuis le début du voyage nous avons donc une dépense moyenne de 1 000 euros par mois pour l’ensemble du collectif, mais la compta précise par poste de dépense n’a pas été faite. 🙂

On peut le dire, la vie collective sur nos petits bateaux est très exigeante et fait partie de nos expériences les plus poussées dans ce domaine.

Nos fonctionnements financiers et collectifs biens rodés ont permis que chacun.e trouve ses comptes dans la vie quotidienne du voyage.

Seulement quelques ressentis individuels ont fait également jour au cours du voyage, quasiment tout le monde à fait une « pause » hors des bateau, mais pour mieux revenir !

Des composantes du voyage/projet, pas forcément bien élaborées en amont ont aussi fait surgir d’autres tiraillements et ressentis. La non-élaboration d’un projet clair et ciblé, (trop d’envies diverses et notre manque de temps pour les menées toutes à bien) ainsi qu’une équipe ayant au final des fonctionnements et rapports vis à vis du monde extérieur divers et pas forcément toujours conciliables a amené des frustrations régulières.

Mais globalement on rigole bien quand même !

Arrivée en Galice avec les 2 équipages de la traversée du Golfe